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LE SYNDROME DE KIRUNA
21 avril 2010

Ecarts # Joseph DEBRUYN

 

 

 

P1011883

Joseph DEBRUYN (Pays-Bas - né en 1977)

Ecarts
Techniques diverses
Formats divers
2009-2010

Par son intervention dans cette présentation, Joseph Debruyn dénote. Il ne s’encombre pas d’une discussion préalable et d’une prise de contact, il se jette dans la fable.

Partant du postulat insouciant que la situation de Kiruna est connue et que le syndrome de Kiruna préexistait à cette initiative, il a imaginé une installation minimale.
Son intervention se résume à l’action, il découpe et fait cohabiter trois formes. La redondance devient son vocabulaire et l’évidence du propos forme l’attribut brutal de son idée.

En trois temps, il intervient à minima.
En un lieu il dispose quelques formes feintes en un assemblage décomposé.
Ailleurs il attaque une toponymie et déguise mal un parachutage qui rappelle le largage de quelques élus en verte campagne.
Plus loin des volumes se déplacent en un ordre signifiant.

En fait, l’auteur de l’installation se pose en rhéteur.
A partir d’espaces différenciés, il aborde trois fois la même idée, il aménage un discours appuyé, une flagrance où les pièces se donnent des allures de ce qu’elles ne sont pas.

D’une autre manière qu’Olivier Sévère, il implore froidement le regardeur de prendre la mesure de la supercherie d’un énoncé. Ce qui s’énonce est maquillage.
D’un nom « puzzlé », d’un placage artificiel et correctif de noms, et d’un tour de passe-passe volumétrique il fait un symbole.
Kiruna, la déplaçable, cité nomade malgré elle, celle que l’on croit pouvoir reconstruire sans heurter ses racines est caricaturée.

Prenez un homme, déplacez-le hors de son milieu, loin de ses proches, empêchez-le de vivre son existence comme il s’est construit…il est perdu, il n’est plus que l’image esquintée de lui même, l’enveloppe visible de ce qu’il était.
Il n’en est pas autrement pour une ville.
Prenez la tour Eiffel à Paris, les pyramides à Gizeh, des jardins tropicaux luxuriants, mettez les ailleurs…au mieux vous découvrirez Las Vegas et son pastiche spectral.
Idem à Kiruna.
De son nom à son église, de ses maisons à son hôtel de ville, de ses habitants à ses rues, L’attachement à ses seuls symboles tangibles, ne saurait faire mieux que grimer la réalité et la « Kiruna+ 4 kilomètres » n’est pas Kiruna.

C’est cette inconsistance, cette réduction improbable que vise Joseph Debryun. Discret sur ses réflexions et son étude de cas, il hèle les passants en écaillant le vernis.

Hors du cas Kiruna, faire-valoir commode d’une diatribe contre le prêt-à-penser et la résignation mortifère, c’est le mécanisme grossier mais occultant d’une doctrine qui est visé.
Les plus gros mensonges sont les moins questionnables sauf si l’on gratte sous la surface.
La vérité est souvent silencieuse… mais chacun peut tendre l’oreille.

(chuchoté) "On a tort de sourire du héros qui gît en scène, blessé à mort, et qui chante un air, au théâtre. Nous passons des années à chanter en gisant".(1)

1.Lettre à Milena (Briefe an Milena), F. Kafka, Ed. Schocken & Gallimard, 1952.

 

 

 

 

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LE SYNDROME DE KIRUNA
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